37km
280m
Au début des années 1970, l’architecte Louis Pouey-Mounou s’oppose au projet de prolongement de l’A10 jusqu’au périphérique, souhaité par Pompidou. A la place, il préconise la création d’un "réseau d’espaces verts nommé coulée verte". Vingt ans plus tard, porté par la mobilisation des habitant.e.s, le rêve est devenu réalité ! Cette trace rend hommage à cette lutte en empruntant tout d’abord cet axe pour rallier le château de Sceaux au départ de la singulière place de Catalogne.
L’impressionnant parc du château de Sceaux offre un moment de contemplation idéal avant de mettre le cap à l’ouest pour franchir le coteau menant au cœur du néoclassicisme flamboyant du Plessis-Robinson. La balade se prolonge le long des hauteurs de la forêt de Meudon ; c’est le moment de prendre un bol d’air frais et de se rincer les mirettes grâce au panorama offert par la terrasse de l’observatoire qui y prend place.
La trace se faufile ensuite au travers des ruelles de Meudon, d’Issy-les-Moulineaux et emprunte les bords de Seine pour terminer sa course au cœur de la capitale, non sans avoir croisé quelques pépites urbanistiques au passage, comme la réhabilitation réussie de l’ancien fort d’Issy et son joli miroir d’eau.
Avec quasiment 40 km et 300 mètres de D+ ce Bao est un poil plus exigeant que la moyenne… Mais la découverte de la banlieue sud en vaut assurément le détour !
Singularités
Rester vigilant.e vis-à-vis des piétons sur la coulée verte. Bonne côtelette au 13ème kilomètre pour atteindre les hauteurs du Plessis-Robinson. Une volée de marches à franchir dans Meudon.
Avant le départ
- Vérifier les horaires d’ouverture du domaine départemental de Sceaux : https://domaine-de-sceaux.hauts-de-seine.fr/preparez-votre-visite/informations-pratiques/horaires-et-acces
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Au retour
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Quelques photos
Points d’intérêts majeurs
La Place de Catalogne
La place de Catalogne est récente comparativement à l’histoire parisienne. Elle est intimement liée à l’émergence du quartier de la nouvelle gare Montparnasse, enclenchée en 1956 par la création d’une structure (SEM) dédiée. Depuis les années 1930 on constate en effet la saturation totale de la gare pré-existante, ceinturée de faubourgs populaires peuplés de nombreu.x.se.s immigré.e.s espagnol.e.s vivant dans des conditions précaires. L’architecture métallique de l’église Notre-Dame du Travail, située à proximité de la place, rappelle d’ailleurs le caractère ouvrier du quartier. Dans le contexte des années 1960, l’Etat va déployer les grands moyens pour le transformer.
Les chiffres de l’opération de rénovation urbaine dite "Maine Montparnasse" donnent le vertige… 4 400 logements dits "insalubres" (maisons de ville et immeubles ouvriers) sont démolis et 5 700 logements neufs, dont 4 800 logements sociaux, sont livrés dans les années 70/80. Le programme est complété par la très décriée tour Montparnasse, le centre commercial qui l’accompagne ainsi qu’une toute nouvelle gare, dont les standards permettront bientôt d’accueillir le TGV Atlantique.
Les références à l’Espagne sont nombreuses : le célèbre architecte catalan Ricardo Bofill se voit confier la réalisation de 274 logements donnant sur la place de Catalogne. Le projet néoclassique "les échelles du Baroque", livré en 1985, se découvre plus aisément en empruntant le passage intérieur menant au jardin des roses de la place de Séoul. La même année c’est le nom de "place de Catalogne" qui est retenu par Jacques Chirac, alors maire de Paris.
La place est progressivement complétée par différents programmes, ainsi qu’une œuvre d’art créée en son centre en 1988. Le "Creuset du Temps", immense pan incliné en granit servant de fontaine, est l’œuvre de l’artiste et sculpteur polonais Shamaï Haber. Malheureusement, la conception et la réalisation de l’œuvre ne sont guère satisfaisantes et suscitent des interrogations…
C’est finalement l’adoption et la déclinaison du Plan Climat par la Ville de Paris qui engendre le premier grand réaménagement de la place de Catalogne en forêt urbaine pour lutter contre les effets d’îlot de chaleur urbain. Dès 2024, pistes cyclables, nouveaux usages et 450 arbres viendront écrire un nouveau chapitre de cet espace.
Pour aller plus loin
https://www.pariszigzag.fr/insolite/lieux-insolites/place-catalogne-controversee
Le Parc de Sceaux
Représentant majeur du "jardin à la française", le parc du domaine de Sceaux est réalisé d’après les plans du célèbre André Le Nôtre et s’étend sur 181 hectares. Il en reprend tous les codes : composition symétrique, dimension monumentale, effets d’optiques, décors baroques, bassins et mécanisme complexe de fontainerie.
C’est en 1670 que Jean-Baptiste Colbert, alors contrôleur général des finances de Louis XIV, acquiert une centaine d’hectares de terre à distance respectable de Versailles afin d’y établir sa maison de campagne - entendre par là un vaste château et son jardin à même d’accueillir les fastueuses réceptions en vogue à la cour du Roi. Les meilleurs décorateurs, architectes, sculpteurs et entrepreneurs du royaume sont convoqués et œuvrent de concert pour créer un ensemble digne des plus grandes réalisations du 17ème siècle.
Le domaine est progressivement complété et enrichi par les descendants de Colbert jusqu’à la fin du 17ème siècle avant d’être vendu et cédé plusieurs fois à différentes familles issues de l’aristocratie. Le château est revendu et démembré durant la révolution, puis reconstruit en 1835 sous la houlette de la famille des ducs de Trévise dans un style Louis XIII.
Suite à l’occupation de Sceaux par les troupes bavaroises en 1870 le domaine est progressivement abandonné et tombe en désuétude. Il faudra attendre 1923, et la mobilisation des élus de Sceaux et des conseillers généraux du département de la Seine, pour que la collectivité acquiert le domaine et entreprenne les travaux nécessaires à sa complète remise en état.
Actuelle propriété du département des Hauts-de-Seine, le château, l’orangerie et le parc du domaine de Sceaux attirent chaque année plus de 3.5 millions de visiteurs.
Pour aller plus loin
https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/cab87030748/concert-madonna
Le Plessis Robinson
L’histoire moderne du Plessis-Robinson se confond avec les grandes tendances de l’urbanisme… agrémentée de quelques surprises qui font de cette commune au relief prononcé un cas plutôt unique en Ile-de-France.
Cette bourgade agricole et viticole gagne en notoriété au 19ème siècle grâce à ses guinguettes d’un genre nouveau. En effet, celles-ci sont nichées en hauteur à même les châtaigniers de la forêt communale ! Un réseau de plates-formes, de cabanes et balançoires permettant d’oublier pour quelques heures la routine parisienne. Ce n’est que dans la première moitié du 20ème siècle que la commune commence à s’urbaniser et accueille une population ouvrière, qui s’établit notamment dans les 2 cités-jardins construites dans l’entre-deux-guerres. Cette tendance s’accélère fortement après-guerre, période où le parti communiste dirige la commune. En 1989 il y a 73% de logements sociaux au Plessis, au moment où la ville bascule à droite après les élections municipales.
Le nouveau maire, Philippe Pemezec, va rester 28 ans à la tête de la ville et fait prendre un tournant radical à l’urbanisme local. Attaché à "l’embellissement" de la commune, il prône une approche "douce et classique" et fait appel à l’architecte François Spoerry pour piloter le vaste projet de reconstruction du cœur de ville. Cette opération se prolonge entre 1992 et 2008 par la réalisation d’une nouvelle cité-jardin, en lieu et place de l’ancienne. Plus de 1600 logements en copropriété sont construits, des commerces, services et espaces verts viennent compléter cette vision idéalisée du village réinventé en banlieue.
Cette tendance urbanistique et architecturale visant à rompre avec le mouvement moderne et privilégiant un recours/retour à des formes vernaculaires porte un nom : le new urbanism. Initié aux USA dans les années 1980, ce style a été largement développé dans les quartiers jouxtant les parcs de Disneyworld en Floride… mais aussi en France au Val d’Europe, ce qui n’a pas manqué d’alimenter les critiques soulignant l’aspect “pastiche” de ces réalisations. En attendant ce qui est sûr c’est que la proportion de logements sociaux ne cesse de baisser au Plessis-Robinson : elle n’est plus que de 35% en 2022.
Pour aller plus loin
https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/pac02013335/le-plessis-robinson-guinguettes
https://www.persee.fr/doc/aru_0180-930x_2018_num_113_1_3282
Le Fort d’Issy-les-Moulineaux
De lieu stratégique… et tragique pour la défense de Paris en 1871 à écoquartier "numérique" des années 2010, le fort d’Issy porte en lui un sacré pan d’histoire qu’il est intéressant de (re)visiter !
Il constitue en effet l’un des 16 forts construits sur les hauteurs parisiennes pour compléter le dispositif de défense de l’enceinte de Thiers, édifiée dans les années 1840. L’emplacement du fort d’Issy est particulièrement stratégique car il contrôle "le point du jour", axe privilégié par l’armée prussienne pour envahir Paris par le sud-ouest après la déroute de l’armée française de 1870. Début 1871 le fort est encore tenu par l’armée française qui résiste aux obus des prussiens qui souhaitent assiéger la capitale… puis il passe entre les mains des fédérés, dont Louise Michel, qui refusent la capitulation et engagent une lutte héroïque face aux versaillais qui pilonnent le site depuis le Mont Valérien. Totalement ravagé, le fort d’Issy est abandonné aux troupes de Thiers le 8 mai 1871, ce qui va leur permettre de poursuivre la terrible répression de la Commune de Paris.
Le fort sera ensuite reconstruit et conservera une vocation militaire, notamment dans le domaine des télécommunications durant tout le 20ème siècle. En 2009 cependant, l’Etat cède les terrains démilitarisés à la ville d’Issy-les-Moulineaux, qui ambitionne de transformer l’ancien bastion en écoquartier. Ce sera chose faite en 2013 sous l’égide de Bouygues Immobilier, qui en fait un projet vitrine au sein d'une commune qui est devenue, entre-temps, l’une des plus riches d’Ile-de-France.
L’écoquartier s’établit sur les 12 hectares de l’enceinte du fort et contient 1 623 logements, dont 330 sociaux. Les ambitions environnementales sont élevées pour l’époque avec l’emploi massif de matériaux à faible empreinte écologique dans la construction, le recours à la géothermie qui couvre 75% des besoins en chaud et en froid, ou encore la collecte pneumatique des déchets. Le projet fait également la part belle aux espaces publics, avec l’aménagement d’une balade plantée sur les anciens remparts et la mise en œuvre d’un miroir d’eau qui anime la plus grande place du quartier.
Pour aller plus loin
https://www.dailymotion.com/video/xyr999
https://www.leparisien.fr/environnement/fort-d-issy-la-geothermie-xxl-07-12-2015-5329955.php