31km
100m
Cette ride en direction du sud-est est assurément l’une des plus simples à entreprendre depuis Paris et constitue même un "classique" pour qui veut parcourir une trentaine de kilomètres sur des aménagements dédiés et à distance relative des flux automobiles.
Fruit (désirable ?) de la politique de réaménagement des places parisiennes initiée en 2015 sous l’ère Hidalgo, la ride s’élance de la place de la Bastille ! Après un détour instagramable par la rue Crémieux, la trace rejoint les quais en rive droite. C’est l’occasion de braquer le regard sur les opérations du secteur et de s’interroger sur le devenir d’un quartier dont la programmation n’en finit plus de faire polémique : Bercy-Charenton. Le corridor situé entre l’autoroute de l’Est et la Seine permet ensuite de toiser le fameux hôtel Chinagora avant de rejoindre le grand méandre de la Marne autour de Saint-Maur-des-Fossés.
A mi-distance un pit-stop boisson et nourriture est possible au niveau du pont de Chennevières. La trace remonte ensuite jusqu’au pont de Joinville la bien nommée, puis grimpe à la recherche de la fraîcheur du bois de Vincennes. Un dernier coup d’œil au château de Vincennes et la trace se glisse par la discrète porte de Saint-Mandé pour se conclure au niveau de la place de la Nation.
Singularités
De mai à octobre les quais de la Marne au niveau de Saint-Maur sont fermés à la circulation générale tous les dimanches ; tranquillité à vélo assurée !
Avant le départ
- Un petit check météo + vérification du sens du vent à quelques heures du départ, c’est toujours utile.
Au retour
- RAS
Quelques photos
Points d’intérêts majeurs
Place de la Bastille
Au Moyen Âge, le secteur de la Bastille est un lieu stratégique en raison de son rôle dans le flottage du bois via la Seine jusqu'au quai de la Rapée, faisant du quartier un centre pour les menuisiers et les ébénistes. La forteresse qui y prenait place, symbole de l’arbitraire royal, a été prise par les ouvrier.ère.s du faubourg Saint-Antoine le 14 juillet 1789, devenant ainsi le jour le plus connu de l’Histoire de France. La forteresse a finalement été démolie dans la foulée.
Au 19ème siècle, le quartier a été transformé par la construction du canal Saint-Martin, initiée par Napoléon Bonaparte pour l'approvisionnement en eau potable et le transport à Paris. Sous le Second Empire, Haussmann et Napoléon III ont entrepris la couverture du canal Saint-Martin, ce qui a facilité le déplacement des troupes dans les faubourgs populaires comme Saint-Antoine.
Le port de l'Arsenal, qui était un important centre de commerce et de marchandises, a été transformé en port de plaisance en 1983.
L'Opéra Bastille est situé sur le site de l'ancienne gare de la Bastille, qui figure jusqu’en 1984 parmi les gares désaffectées de Paris. Conçu par Carlos Ott, l’opéra est inauguré en 1989 pour le bicentenaire de la Révolution.
Dans les années 1960, un projet gouvernemental prévoyait de supprimer le canal Saint-Martin pour construire une autoroute, créant ainsi un axe nord-sud jusqu'à la porte d'Aubervilliers. Cependant, ce projet a été abandonné grâce à l'opposition des riverain.e.s et des associations écologistes. Il faut rappeler que pendant longtemps, Paris était gouvernée directement par l'État, sans maire. C’est seulement en 1977 qu’une mairie a été réinstituée et que le pouvoir a été progressivement réattribué à la ville au fil du temps.
Pour aller plus loin
https://www.unjourdeplusaparis.com/paris-reportage/histoire-place-de-la-bastille
https://www.lejdd.fr/Societe/voici-la-nouvelle-place-de-la-bastille-3496958
Opération d’aménagement Bercy-Charenton
Le projet urbain de Bercy-Charenton vise à créer un nouveau quartier dans l'est parisien, tout en favorisant la continuité urbaine entre Paris et Charenton-le-Pont. Comme la grande majorité des projets urbains contemporains, l'objectif principal est de développer un tissu urbain mixte, comprenant des logements, des commerces, des bureaux, des équipements publics et des activités économiques.
Le périmètre retenu s'étend sur 80 hectares, dont environ 20 hectares proviennent du déplacement d'activités ferroviaires et logistiques. La première version du projet votée par le Conseil de Paris en 2018 prévoyait la construction de 4 000 logements et l’implantation d’environ 13 000 emplois, avec la mise en place de solutions novatrices en matière d'énergie, de gestion des eaux de pluie et de gestion des déchets. Le plan d'aménagement prévoyait la création d'une nouvelle colonne vertébrale est-ouest permettant les déplacements doux et d’un grand espace vert, le jardin de la Rapée. Au niveau architectural, il était envisagé la construction de 6 immeubles de grande hauteur, atteignant jusqu'à 180 mètres de hauteur. Le projet visait également à relier le 12ème arrondissement historique, le Bois de Vincennes et la Seine d'un point de vue paysager.
Les premières études ont été lancées en 2008, suivies de la création de la Zone d'Aménagement Concerté (ZAC) 10 ans après, sans pour autant éteindre la polémique autour du projet. En 2022 la Ville de Paris a annoncé, suite à une concertation, une énième refonte du projet afin de répondre à des objectifs de frugalité et de sobriété.
Le projet fait l'objet de nombreuses controverses et il peine à voir le jour. En plus des défis liés à la difficulté de reconnecter les différents lieux en raison des infrastructures préexistantes et de la topographie, la valeur patrimoniale de certains bâtiments, notamment la gare de la Rapée datant de 1862 avec son système d'ascenseurs à trains desservant les chais de Bercy, pose la question de leur reconversion. La polémique tourne également autour de la construction prévue d’immeubles de grande hauteur, de la surface d’espaces verts à produire ainsi que du ratio de typologie de logements à construire (logements sociaux VS logements privatifs). Ces problématiques sont tout à fait révélatrices des enjeux sociaux et urbains auxquels font face les villes pour continuer à se développer en période de crise.
Pour aller plus loin
https://www.paris.fr/pages/bercy-charenton-12eme-2364
https://www.lemoniteur.fr/article/paris-la-zac-bercy-charenton-nettement-revue-a-la-baisse.2204572
Chinagora
En 1992, le Premier ministre Michel Rocard inaugure ce centre d’échanges économiques, technologiques et culturels de 50 000 m2, « vitrine de la Chine » financée par des investisseurs cantonais à hauteur de 500 millions de francs (soit 75 millions d’euros). L'ensemble comprend un espace d’exposition, un hôtel, un restaurant panoramique et une galerie commerciale.
Les expositions cessent vite et, faute de fréquentation dans ce quartier excentré, la galerie marchande ferme en 1998.
Six ans plus tard, un nouveau propriétaire veut la remettre à flot. Peine perdue, l’ensemble périclite et ferme en 2006. Seul l’hôtel vivote. En 2012, Huatian, un groupe chinois, rachète le tout et réalise 28 millions d’euros de travaux. L’hôtel, rénové, gagne une quatrième étoile.
Pour aller plus loin
https://www.telerama.fr/sortir/ces-batiments-qui-nous-intriguent-le-chinagora,n6342668.php
Le Bois de Vincennes
L’origine du bois remonte au Moyen Age, mais c'est au 19ème siècle qu’il connaît une transformation majeure. À cette époque, le terrain est composé de terres agricoles, de marécages et de forêts héritées de son ancienne fonction de domaine de chasse royal.
C’est sous Napoléon III que le bois de Vincennes subit sa grande mutation sous la houlette d’Adolphe Alphand et de Jean-Pierre Barillet-Deschamps qui travaillent dans un style anglais. Dans le sillage de la structuration des grandes villes mondiales, l'empereur souhaitait créer un grand parc public à destination des habitant.e.s de l’est parisien, en miroir du bois de Boulogne.
C’est à cette période que sont tracées les majestueuses avenues reliant les différents centres d’intérêt du bois, que des lacs et rivières sont creusés permettant de faire des promenades romantiques en barque et que des milliers d’arbres sont plantés donnant naissance à la physionomie actuelle du parc. En 1860 le bois ouvre au public : les parisiens découvrent un parc magnifique et spacieux de 995 hectares à proximité immédiate de la ville. Les lacs, les clairières propices aux pique-niques, les jeux et les spectacles attirent rapidement les habitant.e.s de Paris en quête de détente et de loisirs malgré le relatif enclavement du parc.
A l’image du bois de Boulogne, le concepteur Alphand imagine un système de concessions pour rentabiliser les aménagements. C’est ce qui explique la présence de restaurants, de structures sportives privées ou encore de l’INSEP.
A noter que des épreuves des Jeux olympiques d'été de 1900 se sont disputées dans le bois de Vincennes mais il n’en reste quasiment aucune trace. L'Exposition coloniale internationale de 1931, de triste mémoire, a en partie été édifiée dans le bois de Vincennes. Elle voit notamment la construction du zoo de Vincennes et du Palais de la Porte Dorée aujourd’hui devenu Musée national de l'histoire de l'immigration.
Pour aller plus loin
https://www.rfi.fr/fr/france/20180820-lieux-oublies-vestiges-expositions-coloniales-bois-vincennes
https://paris1900.lartnouveau.com/paris12/bois_de_vincennes.htm