31km
150m
Pédaler au fil de l’eau tout en admirant l’une des vallées favorites des impressionnistes, narguer les péniches, traverser une marina… découvrir l’œuvre la plus monumentale d’Ile-de-France et le nec plus ultra de l’urbanisme des villes nouvelles : c’est le programme de cette belle sortie d’une trentaine de kilomètres, qui prend ses distances avec Paris ! La trace démarre dans la charmante ville de l’Isle-Adam, facilement accessible en transilien depuis Paris. Elle serpente ensuite le long des coteaux de l’Oise en empruntant des sections de l’avenue verte Paris-Londres. Au menu du petit déjeuner : des hameaux de caractère, la célèbre église d’Auvers-sur-Oise, sans oublier les sympathiques quais et parcs de la ville de Pontoise. Après une vingtaine de kilomètres vient l’heure du déjeuner, qui débute par une étrangeté du paysage francilien : la marina de Port Cergy ! La balade se prolonge en traversant la base de loisirs de Cergy-Pontoise qui donne un accès direct au clou du spectacle : l’œuvre monumentale constituée par l’Axe majeur. Atteindre l’extrémité ouest de l’Axe se mérite, mais les efforts sont récompensés par le spectaculaire point de vue offert, ainsi que par la visite de la place des colonnes, une œuvre emblématique de Ricardo Bofill qui assure la jonction avec la ville nouvelle. En guise de dessert la trace redescend en plein cœur de la ville de Cergy jusqu’à la Préfecture pour un retour en transports en commun. C’est l’occasion de s’immerger dans l’ambiance caractéristique des villes nouvelles, et de croiser la plus grande horloge d’Europe !
Singularités
Dénivelé important pour rejoindre les hauts de Cergy depuis la base de loisirs. Avec les temps de transport, prévoir la journée pour la ride.
Avant le départ
- Penser à vérifier l’état de service des trains la veille du départ !
- Prendre la ligne H au départ de la gare du Nord.
Au retour
- Prendre les lignes L du transilien, ou le RER A au départ de Cergy Préfecture.
Quelques photos
Points d’intérêts majeurs
Auvers-sur-Oise et les impressionnistes
Cette commune fondée au Moyen-Âge sous l’autorité des comtes du Vexin n’a jamais été épargnée en période guerre du fait de sa position stratégique pour atteindre Paris.
L’époque reconnue comme étant celle des impressionnistes correspond à celle comprise entre le milieu du 19ème siècle et la première guerre mondiale. A la Belle Époque, cette section de la vallée de l’Oise devient un lieu de villégiature (tout comme les bords de Marne). Il est alors à la mode de "filer à la campagne" durant les jours de repos au moyen des nouvelles lignes de train afin de retrouver la nature, et d’échapper pour un temps aux fumées des industries parisiennes.
C’est le peintre Daubigny qui le premier (dès 1857) vient se balader en canot et en profite pour peindre des toiles. Il invite ensuite ses amis et leur fait découvrir la région. En parallèle, le Dr Paul Gachet achète une maison à Auvers pour que sa famille puisse "respirer du bon air". Il y invite également un ami de la famille, le peintre Pissarro. De fil en aiguille, la fine fleur des impressionnistes vient peindre les paysages de la vallée de l’Oise et du Vexin.
Auvers-sur-Oise est mondialement connue grâce à Vincent Van Gogh qui y a séjourné à la fin de sa vie, sur conseil du Dr Gachet, dans une période prolifique où il a peint plus de 70 toiles en 2 mois. C’est d’ailleurs ici qu’il est mort en 1890, après s’être tiré une balle dans la poitrine.
Au début du 20ème siècle, le lieu inspire encore les peintres constructivistes et cubistes, comme De Vlaminck et Otto Freudlich, qui viennent sillonner la région et se mettre dans les traces de Van Gogh qu’ils admirent. Il subsiste d’ailleurs encore de nombreuses galeries d’art dans la commune.
Auvers-sur-Oise est aujourd’hui le premier pôle touristique du Val d’Oise avec plus de 300 000 visiteurs par an.
Pour aller plus loin
https://www.enlargeyourparis.fr/balades/van-gogh-a-auvers-sur-oise
https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i19168150/mort-de-van-gogh
Port Cergy
Finalisée en 1991, il s’agit de la première marina a avoir été construite en Ile-de-France. Les 70 places d’amarrage appartiennent à la Chambre de Commerce et d’Industrie du Val d’Oise. La capacité du port permet également d’assurer la fonction de port de plaisance qui tend à se développer.
Le projet est pensé dans les années 80 comme un complément à la ville nouvelle de Cergy qui ne possède pas de réelle attache avec l’Oise. Il fallait de plus trouver un devenir aux anciens quais de déchargement des marchandises utilisées pour construire la ville nouvelle. On fait alors appel, via concours, à l’architecte néo-classique François Spoerry. Celui-ci a été rendu célèbre par la conception/réalisation de Port Grimaud dans le Var, projet dans lequel il tente de reproduire l’esprit et l’architecture des villages d’antan au moyen de techniques modernes.
Port Cergy a essuyé quelques difficultés financières mais la CCI table sur le développement du tourisme fluvial sur l’Oise pour assurer l’avenir. On envisage même un temps de créer un Port Cergy 2. Si vous souhaitez amarrer votre bateau ici, il vous en coûtera entre 2 000 et 6 000 € par an.
Pour aller plus loin
https://www.youtube.com/watch?v=VZrj4iYKxBU
L’Axe majeur
L'Axe majeur est à la fois une œuvre artistique monumentale et un espace public, créé par le plasticien israélien Dani Karavan. Il combine le land art, l'aménagement paysager et la sculpture, s'étendant sur un linéaire de 3,2 kilomètres. L'Axe majeur est influencé par la tradition française des jardins et de la perspective, tout en incorporant des éléments du mouvement artistique environnemental ; ce qui en fait un espace tout à fait unique en son genre qui ne manque pas de surprendre le visiteur.
Le projet, initialement constitutif de la ville nouvelle de Cergy, a été officiellement lancé en 1980 par l’urbaniste Michel Jaouën en collaboration avec l'artiste Dani Karavan. Il incorpore des références astronomiques et le nombre 12, symbolisant la perfection, y revient de manière récurrente.
L'Axe majeur se compose de plusieurs stations, dont la Tour Belvédère, l'Esplanade de Paris, les Douze colonnes, le Jardin des droits de l'homme, l'Amphithéâtre, le Bassin, la Passerelle, l'Île astronomique, la Pyramide etc. Chacune d’entre elles a une signification spécifique et est conçue pour interagir avec l'environnement. C’est le cas de la Tour Belvédère de Bofill, qui constitue elle-même un immense cadran solaire !
L'œuvre a été réalisée en collaboration avec des urbanistes, des architectes et des entreprises locales. Son financement provient d'aides publiques, du mécénat d'entreprise et de levées de fonds par des associations, pour un coût évalué à 38 millions d’€ en 2010.
Inauguré malgré son caractère inachevé par Mitterrand en 1990, l'Axe majeur sera petit à petit complété. De nouveaux budgets sont alloués au début des années 2000, ce qui permet notamment la création de la passerelle enjambant l’Oise. A ce jour, la totalité de ce projet n’est toujours pas achevée ! Il faudra donc revenir de temps en temps pour apprécier son évolution.
Pour aller plus loin
https://www.youtube.com/playlist?list=PL9GS8zVsUQzA73SRFLd_-dqkFRemvWRc7
La ville nouvelle de Cergy-Pontoise
La traversée de Cergy nous replonge dans une ère révolue et marquante de l’urbanisme : celle de la planification étatique en réponse à l’importante croissance démographique de la région parisienne au sortir de la période des Trentes Glorieuses (1945-1974). La pénurie de logements est alors critique, car la région passe de 6,6 millions d’habitants en 1946, à 9,2 millions d’habitants en 1968.
A la fin des années 60, l'objectif des villes-nouvelles est donc de créer de nouveaux pôles d’emplois pour desserrer la région parisienne. L'idée est de rapprocher domicile et travail, tout en proposant des services et loisirs au moyen d’infrastructures adaptées localement. On n’oublie pas pour autant l’accès à la capitale, avec le déploiement du RER ainsi que des autoroutes maillant le territoire. Cette politique contraste avec la logique des quartiers de grands ensembles des années 50 et 60, qui sont monofonctionnels. Ici le concept est d’aménager des pôles autonomes avec toutes les fonctions d'une ville, sur un modèle de déconcentration urbaine.
En Ile-de-France, 5 secteurs seront officialisés en tant que villes nouvelles : Evry, Sénart, Saint-Quentin-en-Yvelines, Marne-la-Vallée et Cergy- Pontoise. A Cergy, comme ailleurs, l'Etat crée un établissement public d’aménagement dédié. Le projet est polarisé autour de la nouvelle préfecture autour de laquelle est créé, ex-nihilo, un centre-ville intégrant le projet urbain de l'axe majeur.
Les 2 hommes à la manœuvre du gigantesque projet sont Bernard Hirsch, le président de l’établissement public d’aménagement et Paul Delouvrier, le Commissaire général au plan pour toute l’Ile-de-France. C’est ce dernier qui choisit l’emplacement de la future préfecture après un survol en hélicoptère en compagnie du Général De Gaulle. Celle-ci sera réalisée par l’architecte Henry Bernard, sur le modèle d'une pyramide inversée. Tout ne se passe pas sans heurt, la construction fait l'objet d'une opposition de la part des agriculteurs expropriés qui bloquent le chantier en 1969, ce qui entraînera l’intervention des CRS. La préfecture est finalement inaugurée en 1970.
Pour le reste, la ville est créée suivant des règles fonctionnalistes : séparation des fonctions entre circulation automobile et circuit local des piétons (les enfants devaient pouvoir rejoindre leur école sans jamais croiser la circulation grâce aux dalles et aux passerelles), volonté de mixité fonctionnelle (la ville est découpée en îlots de 500 mètres par 300, chacun avec un programme laissant une grande liberté architecturale).
Progressivement, avec les lois sur la décentralisation favorisant la montée en puissance du pouvoir local et le retournement de conjoncture économique suite au choc pétrolier de 1973, l'Etat se désengage des villes nouvelles qui rejoignent le droit commun. Les investissements s’en ressentent. Cergy-Pontoise quitte le programme des villes nouvelles fin 2002 et se mue en Communauté d'Agglomération en 2004.
Prévue initialement pour accueillir 400 000 habitants à l’horizon 2000, la ville regroupe aujourd’hui 200 000 habitants mais passe pour être un projet urbain plutôt réussi au cadre de vie agréable.
Pour aller plus loin