32km
140m
Pour cette virée de 32 km dans les Hauts-de-Seine, on vous emmène à la découverte du foisonnant patrimoine urbain et architectural des communes qui ont longtemps composé la banlieue rouge et contribué au développement à grande échelle du logement social.
La trace prend sa source au niveau de l’Arc de Triomphe, rejoint rapidement l’îlot de fraîcheur du bois de Boulogne via l’avenue Foch, avant de faire une première escale au niveau de la fondation Louis Vuitton.
Le parcours traverse ensuite l’île de Puteaux et amorce l’ascension du coteau de la Seine en direction des fameuses tours Nuages. Après avoir pris le temps d’admirer l’oeuvre d’Emile Aillaud, le voyage architectural se prolonge en traversant Nanterre, dont la mairie ressemble clairement à un croisement entre une pyramide et un vaisseau spatial.
On file ensuite en ligne droite le long des aménagements en jardin linéaire des bords de Seine de Nanterre, Colombes et Gennevilliers, dans une ambiance mi-champêtre, mi-industrielle.
Le retour vers Paris débute le long de la coupure urbaine engendrée par l’A86, et se poursuit par la traversée de quartiers emblématiques de Gennevilliers témoignant des grandes époques de production du logements social : Cité du Luth, Cité-Jardin et Cité des Agnettes.
Une dernière halte est conseillée à Clichy pour admirer les anciens entrepôts Art nouveau du Printemps, avant de revenir intra muros via la porte Pouchet joliment requalifiée.
Singularités
Porter de vélo à prévoir pour le passage de l’escalier d’accès à l’île de Puteaux.
Avant le départ
- Prévoir un pique-nique pour une pause déjeuner bucolique dans le jardin linéaire des bords de Seine
Au retour
- A proximité immédiate du finish, le Hasard Ludique peut accueillir de grandes tablées
Quelques photos
Points d’intérêts majeurs
La fondation Louis Vuitton
40 mètres de hauteur pour émerger au-dessus du bois de Boulogne tel un voilier, 12 grandes voiles de verres composées elles-mêmes de 3600 panneaux dont chacun a une géométrie spécifique et un espace d’exposition de 11 800 m² : ce sont les mensurations de la fondation d’entreprise Louis Vuitton conçue par le célèbre architecte Frank Gehry dans un style déconstructiviste au cœur du bois de Boulogne à Paris.
Pratiquant le mécénat depuis de nombreuses années, Bernard Arnault, le patron du groupe LVMH, rêvait de pouvoir exposer ses œuvres et accueillir des expositions à Paris. En 2001 il confie à Frank Gehry son idée pour la construction d’un édifice dans le jardin d’acclimatation. L’architecte va s’inspirer des structures en verre telles que le Grand Palais, et les confronter à son propre style afin de produire en bâtiment en mouvement.
Le défi architectural et technique est immense. Le chantier va durer près de 8 ans et plus de 700 ouvriers vont y participer. On fait appel aux meilleurs spécialistes mondiaux pour concevoir une structure unique en tous points, capable de résister aux aléas climatiques. Le musée est inauguré en grande pompe le 20 octobre 2014. On a laissé quasi carte blanche à l’architecte… Au point de parler d’un budget 8 fois supérieur aux premières estimations frôlant les 800 millions, mais dont les 2/3 seront récupérés sous forme de déductions d’impôts par le groupe LVMH… Pas folle la guêpe.
La fondation accueille entre 1 et 1.5 millions de visiteurs par an. En 2052, à l’issue de la convention d’occupation, la fondation devrait revenir dans le giron de la Ville de Paris.
Pour aller plus loin
https://www.youtube.com/watch?v=lOGQBDCKwv4
Les Tours Nuages
Les Tours Nuages de la cité Pablo Picasso à Nanterre, ou Tours Aillaud, constituent un chef-d'œuvre architectural qui a marqué une rupture radicale avec les conventions en cours dans les années 70.
Alors en proie à une urbanisation rapide et à une demande de logement exponentielle, Nanterre fait appel en 1971 à Émile Aillaud afin de concevoir et construire un ensemble de 1 600 logements sociaux. L’architecte, déjà reconnu, va en profiter pour tenter de briser l’uniformisation des grands ensembles au moyen de techniques nouvelles alliées à l’art.
Le quartier comporte 18 tours, dont les 2 plus hautes atteignent une hauteur de 105 mètres pour 38 étages. On a recours au béton armé par coffrage glissant pour édifier les bâtiments en économisant les moyens humains et financiers, tout leur donnant une forme inhabituelle en trèfle ou en nuage. Les bâtiments sont entièrement habillés de mosaïques en pâte de verre imaginées par Émile Aillaud et Fabio Rieti, ce qui leur confère une esthétique unique de “bâtiments paysage”. A leur pied, des sculptures originales sont créées par Laurence Rieti, la fille de l’architecte.
L’approche est holistique et traduit bien les ambitions d’un nouvel habitat porté par de nombreux architectes des années 70 : les fenêtres en forme de goutte d’eau par exemple soulignent l’aspect poétique souhaité par les concepteurs. C’est l’ensemble de cette pensée qui est reconnue lorsque le quartier est classé « Architecture contemporaine remarquable » par le ministère de la Culture en 2008.
La période récente n’est pas exempte de polémique… Entre rénovation thermique rendue nécessaire par la vétusté des tours mais nécessitant la dépose des mosaïques, et appétit des promoteurs dans un secteur situé à quelques encablures de la Défense, l’avenir du quartier s’écrit de manière fragmentée car on envisage de démanteler une partie de ce patrimoine pourtant unique.
Pour aller plus loin
https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/cab7701000101/la-vie-dans-les-tours-aillaud-a-nanterre
L’hôtel de ville de Nanterre
Les années 60 et 70 constituent des décennies très importantes pour la transformation de la ville de Nanterre. Le nombre d’habitants explose, le pôle universitaire prend de l’ampleur, il faut traiter la question des bidonvilles et le pôle de la Défense émerge. La commune met alors en place une politique avant-gardiste en matière d’architecture et d’urbanisme, notamment par la création d’un nouveau type de logements sociaux et la construction d’une école d’architecture engagée (fermée en 2004). L’Hôtel de Ville, regroupant les services d’une ville de tendance communiste qui se veut moderne, doit être le reflet de cette ambition à son ouverture en octobre 1973.
Les architectes Yves Bedon et Jean Darras opèrent sur une parcelle située volontairement au milieu de la commune. Ils imaginent un bâtiment central en forme de pyramide, disposée au milieu d’un vaste parvis, sur une dalle contenant un parking, entourée d’un centre commercial et d’une bibliothèque. La mairie iconique contient quatre étages de bureaux et une salle des congrès de 1 200 places, sa stature au centre du parvis est renforcée par la présence de bassins à son pourtour.
Le bâtiment est également le siège d’un événement sanglant ayant eu lieu le 27 mars 2002 et connu sous le nom de tuerie de Nanterre. Ce jour-là Richard Durn, un homme ayant des troubles psychologiques, ouvre le feu en pleine séance du conseil municipal tuant 8 élu.e.s et en blessant 19 autres… Le lendemain l’homme se suicide en se défenestrant du commissariat du quais des Orfèvres à Paris. Ce drame affecte durablement la vie politique locale.
Pour aller plus loin
La cité-jardin de Gennevilliers
Le concept urbanistique de la cité-jardin est imaginé par l’urbaniste anglais Ebenezer Howard à la fin du 19ème siècle comme une solution durable et rationnelle pour un nouveau cadre de vie dans une phase d’essor industriel. Il s’agit d’offrir aux travailleur.euse.s. et à leur famille un espace harmonieux offrant le meilleur des deux mondes : celui de la ville et de la campagne. Ce courant de pensée trouve un écho particulier en Ile-de-France dans les années 1920 où Henri Sellier, maire de Suresnes et Président de l’office public d'habitations à bon marché de la Seine (OPHBM) promeut ce modèle d’aménagement dans les villes industrielles aboutissant à la création d’une quinzaine de cités-jardins, dont celle de Gennevilliers. Elle est construite entre 1923 et 1934, sur un terrain de 9 hectares correspondant à l'ancien parc d’un château. Les architectes Ernest Michel Ebrard et Félix Dumail travaillent dans l’esprit des grands principes d’Howard : équilibre entre logements collectifs et pavillons individuels offrant des parcelles cultivables, rationalité du plan d’aménagement donnant un accès centralisé aux commerces et services favorisant la vie culturelle et sociale, architecture alliant matériaux modernes et références à la ruralité. Au final la cité comprend près de 600 logements, un centre social, un square terrain de jeux, des commerces, une école maternelle, une crèche et un cinéma. Elle abrite essentiellement des ouvrier.ère.s des entreprises implantées à Gennevilliers. Après une série rénovation entreprises dès les années 1980, la cité est classée comme site remarquable depuis 2005. Aujourd’hui, un nombre important de pavillons a été vendu par le bailleur à leurs occupant.e.s. Si le tissu urbain alentour s’est densifié, à l’image de la banlieue parisienne, il est aujourd’hui toujours intéressant d’identifier la trame caractéristique de cette "cité dans la cité".
Pour aller plus loin
https://www.citesjardins-idf.fr/cites-jardins-adherentes/cite-jardins-de-gennevilliers/