La Cité des 4000
La Cité des 4000 est un exemple représentatif de l'urbanisme des grands ensembles des années 1960 en réponse à la crise du logement. Construite en 1956 par la ville de Paris à La Courneuve, la gestion en est confiée au bailleur Paris Habitat. Le recours aux éléments préfabriqués et l’édification des bâtiments suivant le “chemin de grue”, témoin de l’industrialisation de la construction, permet de réduire drastiquement les coûts et le temps de construction.
La cité souffre rapidement de problèmes de gestion et le quartier connaît une paupérisation qui encourage certains habitant.e.s à le quitter. En 1977, une grève des loyers éclate pour protester contre l'augmentation des loyers malgré le manque d'entretien par le bailleur.
En 1983, un enfant est assassiné par un voisin lors d’un crime à caractère raciste, attirant l'attention politique sur La Courneuve. La Marche pour l'égalité et contre le racisme y fait étape, marquant l'histoire de l'antiracisme français.
En 1986, la rénovation urbaine débute, marquée par la démolition par explosifs de la barre Debussy qui sera retransmise en direct à la télévision. Ce quartier est emblématique de la politique de rénovation urbaine menée depuis 30 ans dans les grands ensembles et des polémiques qui l’accompagnent. En 2005, Sarkozy déclare à propos des 4000 vouloir « nettoyer la cité au Kärcher ».
Aujourd’hui un nouveau projet de renouvellement est en cours, reposant sur une recomposition du quartier. Les relogements suscitent toujours des contestations, soulevant des questions sur la mémoire des quartiers et l'opposition entre les résident.e.s et la vision des pouvoirs publics.
Pour aller plus loin
https://www.gisti.org/doc/plein-droit/55/marche.html
https://enseignants.lumni.fr/fiche-media/00000000443/la-cite-des-4000-a-la-courneuve-en-1982.html
Les Tours Nuages
Les Tours Nuages de la cité Pablo Picasso à Nanterre, ou Tours Aillaud, constituent un chef-d'œuvre architectural qui a marqué une rupture radicale avec les conventions en cours dans les années 70.
Alors en proie à une urbanisation rapide et à une demande de logement exponentielle, Nanterre fait appel en 1971 à Émile Aillaud afin de concevoir et construire un ensemble de 1 600 logements sociaux. L’architecte, déjà reconnu, va en profiter pour tenter de briser l’uniformisation des grands ensembles au moyen de techniques nouvelles alliées à l’art.
Le quartier comporte 18 tours, dont les 2 plus hautes atteignent une hauteur de 105 mètres pour 38 étages. On a recours au béton armé par coffrage glissant pour édifier les bâtiments en économisant les moyens humains et financiers, tout leur donnant une forme inhabituelle en trèfle ou en nuage. Les bâtiments sont entièrement habillés de mosaïques en pâte de verre imaginées par Émile Aillaud et Fabio Rieti, ce qui leur confère une esthétique unique de “bâtiments paysage”. A leur pied, des sculptures originales sont créées par Laurence Rieti, la fille de l’architecte.
L’approche est holistique et traduit bien les ambitions d’un nouvel habitat porté par de nombreux architectes des années 70 : les fenêtres en forme de goutte d’eau par exemple soulignent l’aspect poétique souhaité par les concepteurs. C’est l’ensemble de cette pensée qui est reconnue lorsque le quartier est classé « Architecture contemporaine remarquable » par le ministère de la Culture en 2008.
La période récente n’est pas exempte de polémique… Entre rénovation thermique rendue nécessaire par la vétusté des tours mais nécessitant la dépose des mosaïques, et appétit des promoteurs dans un secteur situé à quelques encablures de la Défense, l’avenir du quartier s’écrit de manière fragmentée car on envisage de démanteler une partie de ce patrimoine pourtant unique.
Pour aller plus loin
https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/cab7701000101/la-vie-dans-les-tours-aillaud-a-nanterre
Les Choux de Créteil
S’il fallait établir un classement des icônes architecturales des années 70 en Ile-de-France l’opération des "Choux de Créteil", grand ensemble réalisé par Gérard Grandval, se retrouverait très certainement bien haut dans la liste. "Emblématiques", "iconiques" ou encore "insolites" sont les qualificatifs fréquemment employés au sujet de ces immeubles uniques en leur genre, édifiés en forme d’œuvre végétale.
Cette série de 10 tours rondes de 14 étages, ainsi que d’une tour annulaire de 6 étages, émerge entre 1969 et 1974 dans un paysage dominé jusque-là par l’agriculture. L’architecte chargé de l’aménagement de ce secteur du nouveau Créteil puise son inspiration dans la souplesse végétale pour imaginer des balcons en forme d’épis de maïs, ou de pétales de fleurs en béton… Mais c’est bien le terme de chou qui va rester attaché à l’ensemble de l’opération. Les balcons en question sont disposés dans l’axe des murs séparant les pièces des appartements et préservent l’intimité des résidents.
Dans une tentative de rompre avec la linéarité et l’orthogonalité des quartiers érigés après-guerre, Gérard Grandval se paye le luxe d’établir le plan-masse du quartier d’après une œuvre de Sonia Delaunay faisant la part belle à la circularité. Vue du ciel le résultat est saisissant ! On s’aperçoit que, des parkings aux cheminements, en passant par le groupe scolaire… Rien n’échappe à la logique du cercle pour constituer ce quartier singulier ayant reçu le label Architecture contemporaine remarquable en 2008.
Aujourd’hui la plupart des "choux" ont été réhabilités, et ce quartier singulier fait encore souvent office de décor pour des films ou des clips.
Pour aller plus loin
https://www.amc-archi.com/article/gerard-grandval-les-choux-de-creteil.55618